ELÉMENTS DE CONJONCTURE
Dal Senegal Mariama BADJI
Au Sénégal, la conjoncture économique, en pleine saison des pluies, est marquée, pour les
familles, par une hausse des dépenses alimentaires, de transport et d’électricité (avec des
délestages) alors que l’on enregistre encore des pertes notoires d’emploi; au même
moment, dans de nombreuses localités, les inondations continuent d’être une sérieuse
préoccupation.
Au quotidien, les populations s’inquiètent de leur situation financière, face aux dépenses
d’alimentation, de santé et autres besoins. Le panier de la ménagère est durement éprouvé
et les familles peinent à nourrir correctement leur progéniture. Particulièrement en cette
veille de nouvelle année académique qui s’annonce aussi chaotique que la fermeture de
l’ancienne. Ces populations manifestent ouvertement leur pessimisme, aucune perspective positive à
l’horizon pour la plupart. A l’image de ces importantes vagues de jeunes, allant crescendo,
qui décident de braver l’océan, par tous les moyens et voies possibles, occasionnant ainsi
des milliers de disparitions dans les eaux et le désert. Mais, aussi laissant dans le désarroi
des familles éplorées, sans aucune possibilité d’aide ou d’accompagnement.
Depuis la fin du mois de juin 2023, le pays a enregistré ses premières pluies, notamment
dans les zones du centre, de l’Est et du Sud, autorisant le démarrage des cultures. Dans ce
sens, l’Etat a décidé de maintenir sa politique de subvention pour la campagne 2023-2024,
en allouant une enveloppe de 100 milliards de FCFA en soutien pour les intrants agricoles.
Toutefois, il convient de signaler que l’installation de l’hivernage et son intensité se sont
avérées très variables dans le pays.
Par ailleurs, la perspective de la prochaine élection présidentielle, prévue en février 2024,
combinée à l’actualité dite d’affaires dites politico-judiciaires, concentre toutes les
attentions et nourrit le débat public à tous les niveaux. Du reste, ce contexte a été rendu
plus complexe depuis le mois de juin, avec des manifestations à large échelle qui ont
provoqué de violentes émeutes sanctionnées par des décès, surtout chez les jeunes.
Aujourd’hui, malgré les apparences, il n’est pas exagéré de dire que la situation sociale et
politique est loin d’être stabilisée et apaisée, face à la cherté de la vie, la vulnérabilité et la
pauvreté chez de larges groupes sociaux, et au désespoir que clame la jeunesse.
L’idée la plus partagée reste que les mécanismes de fonctionnement de l’Etat central comme
au niveau local subissent l’impact du jeu des acteurs politiques, ne favorisant nullement
l’obligation d’apporter des réponses urgentes aux besoins pressants des groupes
vulnérables, femmes, jeunes et enfants, ruraux et urbains.